Proceedings of the Media and Memoria Workshop #07

Dans le panel “Remembering Yugoslavia”, les intervenants se sont penchés sur diverses formes d’expression artistique et ont analysé comment, à travers elles, se construisait des images tout aussi diverses de la Yougoslavie.

Duje Kovačević de Split nous a montré plusieurs interventions urbaines qui se sont “attaquées” au péristyle du Palais de Dioclétien, en particulier l’action “Crveni peristil” (“Péristyle rouge”) en 1968 lors de laquelle le sol du monument fut entièrement repeint en rouge. (On peut voir sur youtube un court documentaire en croate à propos de “Péristyle rouge”.)

Katarina Mohar de Ljubljana a présenté une fresque monumentale (“L’histoire de la Slovénie”, 1958) de l’artiste Slavko Pengov ornant les murs de l’Assemblée nationale de Ljubljana. La fresque montre, parmi mille autres motifs, un partisan portant un drapeau slovène d’un bras, se dévêtant de l’autre, et marchant d’un pas décidé vers six demoiselles en habits folkloriques, une pour chaque république.

Aleksandar Jurgec de Berlin a proposé une lecture des monuments et de l’architecture modernistes yougoslaves (par exemple le bâtiment du CK à Belgrade, l’ancien siège du Comité central du Parti communiste), déchiffrant leurs caractéristiques idéologiques et montrant comme ils participèrent de la constitution d’une identité yougoslave “liminale”, un concept intéressant mais malheureusement un peu confus ; j’aurais bien du mal à le résumer aujourd’hui.

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NOVO DOBA

J’ai composé une page (accollée ci-dessous, au bout de ce texte) pour le “Festival de bédé non-alignée” NOVO DOBA qui a eu lieu pour la seconde fois à Belgrade et Pančevo en Serbie du 8 au 12 juin derniers, rassemblant un pot-au-feu impressionant de gens talentueux et drôles, qu’ils soient dessinateurs, musiciennes, photographes, Lebenskünstlerinnen, bons vivants ou encore tout cela à la fois. Johanna Marcadé, qui a fait de mon séjour belgradois un superprintemps bédéphile, est à l’origine de cette mayonnaise qui tient la route (veuillez excuser les métaphores culinaires ; j’ai faim).

     
Affiches de l’édition 2011 du festival par Dunja Janković et Nina Bunjevac, ainsi qu’une page extraite d’une bande-dessinée de Nina Bunjevac et la couverture du catalogue du festival illustrée par Krekhaus et baignée d’une lueur annonçant —qui sait ?- la nouvelle ère (de gauche à droite)
 

>Novo doba<, c’est la Nouvelle ère
anxieux à l’aube nous les croquants
nous attendons, extatiques
la nouvelle daube
celle qui a commencé
on ne sait trop quand
ou peut-être
celle dont on attend éternellement
le commencement, une prouesse
la New Wave déjà complètement has-been
ou encore la promesse
de lendemains apocalyptiques —système D et vieilles combines.

Les monuments qui ont inspiré ma bédé —dédiés aux soldats, partisan-e-s, citoyen-ne-s … yougoslaves tombé-e-s pendant la seconde guerre mondiale- sont des œuvres architecturales pour le moins frappantes que l’on retrouve dans les plis et recoins les plus inattendus du territoire ex-yougoslave. Ils sont autant de points de repère (“landmarks“), réminiscences de l’esthétique d’une ère, si ce n’est nouvelle, du moins fantasmée telle, au sein de paysages bucoliques, touffus, et apparemment loin de toute vie humaine. Il y en a des dizaines, d’aucuns s’amusent à les collectionner (ainsi Marko Krojač, le photographe, part en éclaireur à leur recherche et en tire le portrait).

J’ai consigné dans cette page à peine quelques “monumentales associations” d’idées qui me viennent à l’esprit quand je vois ces blocs de béton armé aux allures futuristes. Une recherche que je continue hors-ligne et hors les murs ; à suivre, donc.